Lectures-spectacles

Mardi 4 juillet - 19h15 - Château de Grignan

"La haine est-elle vraiment le contraire de l'amour ?"
Correspondance de Pascal Bruckner et Éric-Emmanuel Schmitt
avec Pascal Bruckner et Éric-Emmanuel Schmitt, mise en scène Jeoffrey Bourdenet

Un jour, Éric-Emmanuel Schmitt et Pascal Bruckner bavardent à la table des Goncourt au sujet des sentiments. « Je crois que j’ignore la haine » s’exclame le premier. « Je crois que je me suis construit sur la haine » répond le second. Voilà d’où partit l’idée d’une correspondance originale sur l’amour et la haine, spécialement écrite pour Grignan, où elle sera lue par leurs auteurs en ouverture du Festival.

 

Mardi 4 juillet - 22h - Château de Grignan

"Que s'est il passé? Une catastrophe."
Correspondance de Friedrich Nietzsche et Richard Wagner
avec Bruno Wolkowitch et Thierry Frémont, mise en scène Didier Long, adaptation Virginie Berling
 
Nietzsche a vingt-quatre ans lorsqu'il rencontre Wagner, en qui il voit un génie, un Maître, rien moins que son Jupiter. De son côté, le compositeur est émerveillé par la fulgurance et l'audace intellectuelle du philosophe. Il lui fait confiance au point de lui donner à relire son autobiographie. Nietzsche est assommé de travail mais il est un esclave heureux. 
 
L'idylle se brise sur le décor du premier Festival de Bayreuth, où Wagner installe son règne. Nietzsche est stupéfait de découvrir un Wagner vieillissant, inféodé à sa propre gloire, à la fois orgueilleux et désespéré, plongeant vers l'antisémitisme. Les lettres se raréfient. 
 
Après la mort du Maître, Nietzsche se libère de son emprise. Nous entendons alors ce qui prend la forme d'un dialogue entre les écrits d'un Nietzsche, dont la pensée s'affirme, et les textes de Wagner. L'amitié passionnelle entre Nietzsche et Wagner fut-elle l'histoire d'un épouvantable malentendu? 
 

Mercredi 5 juillet - 19h15 - Château de Grignan

« Il y a des sentiments qui sont la vie même,
et qui ne peuvent finir qu’avec elle. »
Correspondance de Napoléon et Joséphine
avec Bruno Putzulu..., mise en scène Antoine Courtray, adaptation Virginie Berling
 
Au milieu des intrigues politiques, à la tête des troupes, Napoléon Bonaparte est animé de sentiments volcaniques. Alors qu'il est occupé à anéantir les armées ennemies, le grand Bonaparte a la tête qui s'épuise à imaginer les occupations quotidiennes de Joséphine à Paris, Joséphine à l'opéra, Joséphine dans ses salons. La mort voltige autour de lui, mais c'est Joséphine qui le rend fou. 
Les victoires militaires se succèdent et la France exige de son empereur une descendance: Napoléon fait dissoudre le mariage. Celle qu'il appelait d'abord mio dolce amor, devenue ensuite Grande Impératrice, s'installe définitivement dans le titre de grande amie. Si Joséphine se montre légère et sensuelle, Napoléon se permet d'être cruel mais généreux. Leurs lettres distillent peut-être une histoire de la fidélité, de différentes formes de fidélités. 
 
 

Mercredi 5 juillet - 22h - Château de Grignan

« Le libertin et l'incendiaire »
Correspondance de Beaumarchais et Amélie Houret de La Morinaie
distribution en cours, mise en scène Éric Laugérias, adaptation Albert Algoud

 

La vie amoureuse de Beaumarchais est un roman libertin comme les aime le XVIIIe siècle. Homme d'affaires, homme d'action, homme de théâtre, il ne ressemble pourtant ni à Valmont ni à Lovelace, comme le lui reproche sa dernière maîtresse, Amélie Houret de La Morinaie.
Cette liaison torride restée mal connue s'éclaire aujourd'hui grâce à la découverte de la correspondance inédite des deux amants. En 1787, Amélie provoque une rencontre avec celui qu'elle appellera bien vite son sauveur. Pour Pierre, follement épris de cette femme qui excite le désir et feint la vertu, c'est une véritable résurrection : « Ta beauté, ta forme, ton sexe sont les intermédiaires entre ta belle âme et la mienne. Nos corps, doux instruments de nos jouissances, n'auraient que des plaisirs communs sans cet amour divin qui les rend sublimes », s'écrie-t-il. Mais Amélie, qui se prend pour une héroïne de Rousseau, lui reprochera bientôt de n'être plus qu'une « machine à sens », menaçant de révéler tous les secrets de leur intimité. Mais est-elle aussi sincère qu'elle le prétend et Pierre aussi roué qu'elle le dit ?

 

Jeudi 6 juillet - 19h15 - Château de Grignan

« Bunker »
Lettres de Magda Goebbels
avec Julie Depardieu, mise en scène Johanna Boyé, adaptation Christian Siméon
 
De ses premiers émois d’adolescente à sa fin terrible, cette série de lettres, d’extraits de journaux intimes et de témoignages retrace le parcours de Magda, née Ritschel puis épouse Quandt, puis épouse Goebbels, admirée par Hitler, icône nazie, première dame du troisième Reich et mère six fois meurtrière soit trois fois Médée. Une fausse correspondance pour un destin effroyable.. 
 
 

Jeudi 6 juillet - 22h - Château de Grignan

« On ne voit bien qu'avec le coeur »
Correspondance d'Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry
avec Anne Parillaud..., mise en scène et adaptation Delphine de Malherbe

C’est l’histoire d’un mariage qui ne s’étiolera jamais. Antoine de Saint-Exupéry et sa femme Consuelo, correspondent de 1930 à 1944, années de l’écriture du Petit Prince, des lettres magistrales, lyriques, poétiques, émouvantes et passionnantes. Aujourd’hui adaptée à la scène, cette correspondance à l’origine éditée chez Gallimard et prix Sévigné, offre un témoignage puissant sur une époque, ses conflits, sa vie culturelle, et la possibilité pour un homme et une femme de s’aimer de manière inconditionnelle… parce qu’on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

Vendredi 7 juillet - 19h15 - Château de Grignan

« L'amour à l'oeuvre »
Correspondance d'Alain et Catherine Robbe-Grillet
avec Maria de Medeiros..., adaptation Françoise Hamel

C' est l’histoire d’un couple indestructible et hors normes. Un grand amour inconditionnel dans le libertinage et le respect de la liberté et des fantasmes de l’autre. Cette vie pleine d’élan et d’affection sincère , nous enchante, que l’on connaisse ou non le Nouveau Roman dont Robbe-Grillet fut « le pape ». 

Alain Robbe-Grillet (1922-2008)  a construit une œuvre littéraire incomparable, des Gommes (1953) à ses derniers écrits, une trilogie romanesque, autobiographique. Il fut aux Editions de Minuit, l’éditeur d’inconnus alors raillés pour leur nouveauté mais dont les noms brillent désormais : Samuel Beckett (Prix Nobel), Claude Simon (Prix Nobel), Marguerite Duras (best seller mondial avec L’Amant), Nathalie Sarraute etc…

Catherine Robbe-Grillet, qui va aujourd’hui sur ses 93 ans, a publié plusieurs livres dont Journal d’une jeune mariée , Alain , Cérémonie de Femmes ( ressorti récemment dans la prestigieuse collection Cahiers Rouges de Grasset). Connue comme "maîtresse sado-masochiste", aujourd’hui, elle perpétue, avec sa grande culture et son humour, l’œuvre littéraire de son mari, dans des colloques et rencontres internationales. 

 

Vendredi 7 juillet - 22h - Château de Grignan

« Où es-tu? Là, dans mon soeur. »
Lettres de Jean Cocteau à Jean Marais
distribution en cours, mise en scène et adaptation Delphine de Malherbe

 

« Le seul défaut que j’ai pu trouver à Jean Cocteau, disait Jean Marais, c’est qu’il me voyait paré de toutes les qualités que je n’avais pas. » Pourtant à en lire les lettres du poète, rien n’est moins sûr. Jean Cocteau livre en effet au long de ses lettres un chant d’amour passionné, aussi réaliste que tendre, poétique et spirituel en plein cœur de la résistance qui rappelle malgré la célébrité et l’immense talent des deux protagonistes combien « la gloire est peu de choses à côté de l’amour. »

 

Samedi 8 juillet - 19h15 - Château de Grignan

"Vous baiserez au bout de cette lettre, car j'y aurai baisé aussi."
Lettres de Denis Diderot à Sophie Volland
avec Alex Vizorek, mise en scène Stéphan Druet, adaptation Virginie Berling
 
Si nous savons peu de choses sur Mademoiselle Volland, la plume de Diderot nous démontre que leurs molécules à tous deux aspirent à se confondre les unes aux autres. C'est que leur intimité se déploie dans l'intelligence, les émotions et la volupté. Nous entendons trente ans d'un attachement pris dans divers triangles d'amour et d'amitié. 
Que les deux amants se quittent pour de longs mois ou pour quelques heures, ils s'écrivent comme si l'art d'écrire n'était que l'art d'allonger les bras. Au fil du temps, le discours amoureux s'étoffe de réflexions philosophiques et d'anecdotes savoureuses, de récits domestiques et d'articles de l'Encyclopédie, mais toujours en présence du corps, une chair travaillée par la gloutonnerie comme par le désir. 
 
 
Samedi 8 juillet - 22h - Château de Grignan
 
"Milena"
Lettres de Franz Kafka à Milena Jesenská
avec Robin Renucci, piano Nicolas Stavy, adaptation et mise en scène Robin Renucci 
 
Milena était la traductrice tchèque de Kafka. Leurs échanges professionnels se transformèrent en une liaison passionnée, qui ne durera que quelques mois. Ces lettres constituent un vrai roman d’amour, de désespoir et de félicité, de mortification et d’humiliation.

Robin Renucci, qui avait lu au MAHJ Le pianiste de Władysław Szpilman en 2001, avant d’en faire un spectacle à part entière – qui permit la rencontre avec Nicolas Stavy puisque ce spectacle fut leur 1ère collaboration commune - lit pour nous ces lettres, qu’il avait enregistrées pour la collection audio « Ecoutez lire » chez Gallimard, en 2004.

Les lettres à Milena sont publiées aux éditions Gallimard, dans la collection « Du monde entier » (1956), traduites par Alexandre Vialatte, et dans la collection « L’imaginaire » (1988), avec des textes complémentaires traduits par Claude David.

Les œuvres musicales choisies en résonnance à ces textes sont intenses, contrastées, « parlantes ». Il aurait été aisé - mais illustratif - de ponctuer ces textes d’atmosphères détendues et rêveuses. Au contraire, ces musiques donnent à entendre un discours narratif fort. Si la musique est toujours dépourvue de sens objectif, les œuvres choisies pour ce programme sont pleines de consistance, de tension expressive et plongent l’auditeur dans un climat, un état émotionnel tantôt angoissé , tantôt déchiré, tantôt passionné …